"Compréhension de la douleur et de la souffrance en cancérologie du sein : approche Freudienne
(A. BONNAUD ANTIGNAC, Revue Québécoise de psychologie)
Le cancer du sein est une maladie aux répercussions psychologiques très variées qui sont à considérer et à comprendre afin de prendre en charge les patientes de façon optimale. Dans notre champ d'investigation, nous considérons que la personne est sollicitée dans sa globalité pour faire face à sa maladie. C'est pourquoi, pour comprendre les réactions d'un individu, il est important de s'intéresser à ses processus conscients et inconscients. Et lorsque ces derniers ne sont pas directement observables, il est possible d'en évaluer les conséquences sur les plans cognitifs, comportementaux et affectifs mais également somatiques, et c'est en cela que l'alliance qui peut s'élaborer entre le corps et le psychisme est à considérer(...) En référence à ce modèle (psychanalyse freudienne) qui intègre de nombreux concepts tels ceux de la douleur, des affects, de l'angoisse, du traumatisme, légitimement exprimés dans le cadre du cancer du sein, nous avons formulé l'hypothèse d'une fonction défensive de la douleur à l'égard du Moi en souffrance face au danger de la maladie comme de l'atteinte corporelle. Cette hypothèse est laissée à la libre appréciation de ceux qui interviennent en tant que psychologue ou psychiatre auprès de patientes atteintes de cancer du sein ou d'autres localisations touchant à des organes investis affectivement. Le lien entre soma et psyché est toujours à considérer en s'attachant à l'histoire de sujet, histoire personnelle et histoire de la maladie, de même qu'à sa personnalité. Il revient donc au psychologue de s'adapter à ces histoires et à leurs expressions afin d'en comprendre les possibles alliances intrapsychiques et afin d'apporter une orientation précise et personnalisée à la prise en charge nécessaire.
Pour terminer, même si aujourd'hui le domaine de la cancérologie accorde de plus en plus de place à la dimension psychologique et aux psychologues pour intervenir auprès des patients, il n'en demeure pas moins que la principale difficulté est de développer une approche et une compréhension psychologique des faits d'origine physiologique, comme la douleur, qui pendant longtemps n'a été considérée que du point de vue médical et organique. Bien que la douleur reste un phénomène subjectif dont la mesure objective stricte posera toujours difficulté, il n'en demeure pas moins que cette dimension subjective est aussi à prendre en considération tout en étant au plus près de la réalité du sujet, de ce qu'il en exprime et de ce qu'il en ressent.